Focus sur la reconnaissance du statut de producteur.
Binks Beatz, Meel B, Kosei, Flem ou encore Abel 31 : avec leurs sorties d’albums ou mixtapes respectives, ces producteurs ont fait de 2022 l’une des années les plus importantes pour la scène beatmaking française. Entre portraits élogieux en magazine, interviews vidéo poussées et un engouement de plus en plus important sur les réseaux sociaux, le statut des producteurs dans la scène francophone semble nettement s’améliorer : celles et ceux qui composent le rap ne sont plus autant invisibilisés que lors de la décennie précédente. Pourtant, une question subsiste : si leur noms semblent bien plus identifiés, le rôle des compositeurs est-il assez mis en lumière à l’aube de cette nouvelle année 2023 ? Focus sur l’invisibilisation d’une pratique essentielle à l’existence même du rap en France.
Pour les beatmakers, rares sont les années aussi productives que l’a été 2022. Avec un nombre incalculable de sorties toutes aussi qualitatives les unes que les autres, les douze mois de l’année auront été rythmés par une petite vingtaine de projets solos ou communs, avec aux commandes, les producteurs les plus talentueux de la scène française. Qu’il s’agisse d’Abel 31 et son premier projet solo « 200 », Kosei avec le retour de son projet Spooky Season ou encore Skuna et ses 3 projets collaboratifs avec Sadandsolo, Winnterzuko et Thahomey, les producteurs des quatre coins de la francophonie se sont alliés pour proposer des musiques instrumentales chaudement accueillies par le public. Et ces sorties ne sont pas anodines. En proposant à leur tour des projets à la direction artistique et à l’imaginaire fidèle à leurs propositions, les producteurs se sont installés depuis plusieurs années déjà comme des créatifs à part entière dans les scènes de ces dernières années, bien loin de leur invisibilisation caractéristique des années 2000 et 2010.
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En effet : si des producteurs à la notoriété reconnue ont bel et bien marqué les années 90 via les figures de Cut Killer ou encore Pone, jamais le rap français n’a connu un nombre aussi important de producteurs « stars » qu’aujourd’hui. Junior à la prod, Amine Farsi, Voluptyk, Flem, Heezy Lee, Le Motif, Nardey, Zeg P, Skuna : tous ces jeunes talents sont devenus, en des années de travail ou en quelques placement fructueux, des figures incontournables du rap francophone. Et ça, c’est assurément grâce à leur musique et leurs collaborations de haut vol, comme par exemple avec Leto, Freeze Corleone, SCH, Aya Nakamura ou encore Gazo. Mais le travail de masse des médias de renom et pages de passionnés ont aussi grandement contribué à installer les producteurs comme des artistes à part entière : avec le passage de Flem dans les studios d’Apple Music pour une interview Le Code à plus de 100 000 vues, la série de focus sur les beatmakers de Booska-P « hitmakers », les relais massifs de médias comme Pépite ou 1863 sur les producteurs de la nouvelle scène ou encore l’émission « La Prod » de Mouv’ menée de maître par Raphaël Da Cruz, les formats autour du beatmaking se sont multipliés ces dernières années, et contribuent largement à valoriser et mettre en avant le statut de producteur. Une chose est sûre : les producteurs n’ont jamais autant été mis en lumière qu’aujourd’hui, et c’est une très bonne chose. Pourtant, au vu de leur valeur ajouté et de leur influence sur la scène, le statut de producteur est-il mis en avant à sa juste valeur ?
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Si l’on parle d’influence, les producteurs semblent être dans les scènes françaises et américaines, des experts en la matière. Que ce soit au travers de la Trap, de la drill, de la plugg ou du Jersey : tous ces genres qui ont massivement inondé le rap français de ces dernières années résultent d’expérimentations de producteurs : ce sont eux qui conduisent et dirigent en grande partie les tendances musicales des scènes rap du globe. Alors, si la reconnaissance accordée aux beatmakers et à leur statut s’est nettement amélioré ces dernières années, difficile de dire que le rôle des producteurs est considéré dans les scènes rap françaises à hauteur de ce qu’il mérite.
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En 2022 encore, rares sont les artistes à mettre en avant les producteurs de leurs morceaux, ne serait-ce qu’en les mentionnant en description de clips ou sur leurs réseaux sociaux. C’est ce qu’omettent Naps, SCH ou Ninho sur une bonne moitié de leurs tracks, et c’est quelque part assez symptomatique d’un système monétaire mis en place via les maisons de disque : les productions sont devenues, au fil des années, un objet de marchandise. Une vente d’instrumentale, bien qu’elle ait eu lieu, ne devrait pas permettre d’octroyer ses créateurs, qui devraient au minimum être mentionnés tout comme le sont systématiquement les réalisateurs et producteurs de clips, par exemple.
D’autant plus qu’adopter la stratégie inverse peut être plus intéressant pour les artistes : Realo par exemple, n’oublie jamais de créditer les producteurs avec qui il créée ses morceaux. Mieux : il les place en featuring sur chacun de ses morceaux, et c’est une stratégie très intéressante. Sur ses collaboration avec le producteur Demna (La Fève, Rowjay), Abel 31 (Zoomy, So La Lune) ou encore Myth Syzer (Hamza, Damso), l’artiste permet à la fois de mettre en avant le nom des producteurs sans qui le morceau n’aurait jamais existé, mais permet aussi de rediriger des auditeurs qui suivent assidûment le travail de leurs beatmakers favoris vers le sien. UN échange « donnant-donnant » qui permet de diffuser plus largement les morceaux et de toucher plusieurs scènes musicales à la fois tout en participant à l’émancipation et la reconnaissance des beatmakers.
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Pour résumer**, le statut de producteur n’a jamais été aussi reconnu** qu’aujourd’hui dans la scène rap francophone. Pourtant, leur rôle ne reste encore pas assez mis en avant : au vu de leurs propositions novatrices, de la valeur ajoutée aux morceaux et de leur influences sur les genres qui bousculent le rap français, leur nom gagne à être d’autant plus reconnu.
Faisons des producteurs les artistes essentiels qu’ils sont, pour la bonne santé du rap français…
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