Avec son apparition remarquée chez Colors, Niro est de retour au premier plan. Un album devrait prochainement arriver, et c’est une excellente nouvelle.
Extrêmement productif depuis le mémorable Paraplégique en 2012, Niro s’est imposé en 10 ans comme un véritable taulier du rap français. Portant sur ses épaules l’héritage du rap de ses aînés, il a continuellement cherché à moderniser sa musique, expérimentant album après album. Faisant partie de la première génération de rappeurs à poser sur de la trap au début de la dernière décennie, il a exploré tous types d’influences : des titres à tendance électro, des morceaux planants, des collaborations inattendues (La Zarra), mais aussi de longs couplets uniques sans refrain, dans la grande tradition des performeurs qui l’ont précédé.
Niro nous a habitués depuis 10 ans à produire énormément de projets, et surtout, a toujours donné le sentiment d’avoir besoin de beaucoup s’exprimer par le biais de ses textes, parfois très personnels, et versant régulièrement dans l’introspection. Le silence médiatique de Niro depuis 18 mois posait donc question, d’autant qu’il nous avait laissé sur une note un brin inquiétante : son dernier projet en date se terminait sur le titre “A jamais”, que le rappeur avait teasé en annonçant “l’un des meilleurs titres de ma carrière pour finir cette belle histoire”.
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Niro en avait-il fini avec le rap ? Allait-il se retirer et se consacrer à un rôle dans les coulisses, notamment en produisant de jeunes artistes ? Il a fallu attendre la fin de l’année 2022 pour que ses fans soient rassurés : d’abord une annonce d’album lors de son Zénith le 28 octobre, puis une apparition remarquée chez Colors il y a quelques jours. Que faut-il attendre de ce retour au premier plan ?
Niro est un rappeur extrêmement polyvalent, qui a toujours mis un point d’honneur à livrer des projets explorant différentes pistes musicales. Pur rap de rue, titres plus expérimentaux, thématiques très personnelles, rythmiques inspirées d’autres genres musicaux : on ne sait jamais à quoi s’attendre avec Niro, ce qui anime la découverte de chacun de ses albums. Après un an et demi sans quasiment rien livrer de neuf, on s’attend donc à être surpris sur certains titres, et à entendre Niro sur des sonorités que l’on n’avait pas encore entendu jusqu’ici.
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Durant ses premières années de carrière, Niro a parfois été catalogué (assez injustement) comme un profil un peu bourrin, le genre de rappeur à l’interprétation toujours nerveuse, qui crie, insulte des mères et des grands-mères, et ne fait clairement pas dans la subtilité. Avec le temps, son image s’est adoucie, avec des singles plus légers dans la forme et des textes un peu moins rentre-dedans.
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Sa dernière apparition en date, chez Colors, est une bonne illustration du discours tenu par Niro album après album : beaucoup de réflexions différentes se succèdent tout au long de ces 5 minutes sans refrain, mais surtout, beaucoup d’idées sont déconstruites. A titre d’exemple, on a parfois tendance à entendre les rappeurs minimiser l’éventualité d’un séjour en prison. Niro, lui, voit un peu plus loin : “on a des gosses, la taule, on va pas la faire sur une patte”. Évidemment, ça ne l’empêche pas d’insulter deux-trois mères au passage, mais lancer l’écoute d’un album de Niro, c’est l’assurance d’entendre des réflexions qu’on n’entend pas forcément beaucoup ailleurs.
La barbe, les lunettes de soleil, le couvre-chef … La panoplie de Niro est indispensable pour passer inaperçu dans la vie civile, mais elle a tendance à lui donner une image un brin austère. Pourtant, Niro nous a déjà prouvé à plusieurs reprises qu’il pouvait être un véritable bout-en-train, comme par exemple dans le clip du titre Le Truc, où il aborde une perruque et une dégaine 70’s à des années-lumière de son look habituel.
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En faisant son grand retour chez Colors, Niro a livré un titre très sérieux, malgré un titre qui pouvait laisser penser à un registre plus décomplexé : Papa fait le pitre. On est tout de même rassuré en entendant une phase comme “j’les baise comme Jack dans Titanic, avec de la buée sur la vitre” : c’est extrêmement imagé, et très drôle. Surtout, une punchline comme celle-ci au beau milieu d’un texte plutôt réfléchi a bien plus d’impact que si elle avait été intégrée à un titre plus second degré. On apprécie donc cet équilibre entre discours sensé et vannes bien gratuites.
En choisissant d’intituler son prochain album “Taulier”, Niro affirme très clairement sa position sur l’échiquier du rap français. Après une décennie pleine à enchaîner les albums et les featurings, il n’a plus du tout le même statut qu’à ses débuts. L’autoproclamé “meilleur rappeur de sa génération” ne crie plus forcément sur tous les toits qu’il est le plus doué du game, mais il fait désormais valoir son expérience, ses années de travail, et le respect qu’il estime mériter.
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S’il n’a jamais atteint les sphères des superstars du rap, Niro a été extrêmement régulier depuis dix ans, réalisant des scores au pire honorables, au mieux très solides, pour chacun de ses projets. En termes de rap, il s’est imposé comme l’un des gros performeurs de son époque, étant longtemps considéré comme le roi des featurings en France, avec des prestations brillantes sur ses collaborations avec Ninho, Gims ou Sch. Difficile de dire que Niro n’a pas marqué son époque, puisqu’il restera indissociable du rap des années 2010.
Si on apprécie d’entendre des rappeurs humbles qui ne se montent pas la tête, on espère tout de même que Niro laissera un peu jaillir son orgueil sur cet album, en rappelant ce qu’il a accompli jusqu’ici, et en revendiquant son statut de véritable taulier du rap français.
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