De nombreux vétérans ont publié des singles ou des projets en décembre. Quel est le rôle de ces tauliers, et comment expliquer leur longévité ?
L’année 2022 se termine de belle manière pour le rap français, avec beaucoup de sorties de projets et un panel de sonorités toujours très varié. Alors que le paysage se renouvelle continuellement, avec des percées de jeunes rappeurs à longueur d’année, il est de plus en plus difficile de construire une carrière sur la durée. Certains mènent pourtant leur barque depuis 10, 15 ou 20 ans avec la même énergie et une passion intacte. Ce mois de décembre a donc vu Nessbeal, Rim’K, Riski, Sadek, Rocca ou Niro publier des titres inédits, tandis que des vétérans comme Aketo, LIM ou Scylla continuaient d’enrichir leurs discographies avec des projets inédits.
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Qu’ils aient encore le statut de têtes d’affiche, ou qu’ils ne soient suivis que par quelques poignées de fanatiques, ces rappeurs ont le grand mérite d’avoir su s’inscrire dans la durée. En France, la scène rap a vu énormément d’artistes grimper les premières marches du succès, avant de tomber dans l’oubli et d’abandonner leurs velléités artistiques. Pour s’assurer une durée de vie décente dans le monde de la musique, différentes stratégies s’affrontent.
D’un côté, on trouve donc ceux qui restent en phase avec les évolutions constantes du rap sur le plan des sonorités, de la rythmique, et des thématiques. Le cas le plus évident est celui de Rim’K, un mec qui rappe littéralement depuis un quart de siècle. Le vitriot se met continuellement à jour et reste parfaitement actuel, ses singles ne dénotent pas au milieu de ceux de rappeurs qui ont la moitié de son âge, et ses nombreuses collaborations avec des têtes d’affiche de la nouvelle génération (Ninho, Koba LaD, PLK) ont toutes du sens sur le plan artistique.
A l’inverse, d’autres vétérans font le choix de la continuité. Les bases de leur univers musical restent inchangées, et même si le temps pousse à faire des ajustements et potentiellement à s’ouvrir à de nouvelles influences, la philosophie de leur art ne change pas. On pense par exemple à Rocca ou Scylla. Toujours très ouvert, notamment sur la musique sud-américaine, le premier ne ferme pas la porte à la jeune génération, mais choisit de collaborer avec des artistes partageant le même état d’esprit, comme Tedax Max. Dans un registre différent, Scylla s’est renouvelé ces dernières années, tout en restant fidèle à la ligne directrice sur laquelle il évolue depuis bientôt vingt ans.
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Enfin, il y a les inclassables. C’est notamment le cas d’Aketo, qui, de par son parcours avec Sniper, a longtemps été vu comme un rappeur assez classique, mais qui a en réalité tout une vie en dehors de son groupe, avec des influences très éloignées de son image. Plutôt productif, très au fait de tout ce qu’il se passe dans le rap français et ailleurs, il collabore régulièrement avec des freshmens (So la Lune, Limsa d’Aulnay, Norsacce, etc), quitte à décontenancer ses fans de la première heure. Effectivement, quand on est resté bloqué sur Pris pour cible et qu’on se plonge dans l’écoute de Zone Bleue (son dernier projet en date), il y a de quoi être surpris. Aketo passe d’ailleurs la moitié de son temps à piquer ces puristes en les renvoyant dans le passé (“j’vais mettre l’autotune sur le refrain, si t’es pas content écoute Du rire aux larmes, passe ton chemin”).
Le cas d’Aketo illustre une problématique potentiellement difficile à gérer pour les artistes aux carrières longues. Un auditeur qui a aimé un artiste à une période de sa vie sera potentiellement déçu quand ce dernier choisira une direction différente. Quand un rappeur nous a conquis par des textes denses et introspectifs posés sur une boucle de piano, on n’accepte pas forcément de l’entendre lâcher une coulée d’autotune et une série d’onomatopées sur un beat trap.
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Cependant, la situation inverse est également possible : quand ce même artiste nous a impressionné avec ses longs couplets mélancoliques il y a 25 ans, et qu’on a poncé et re-poncé ses premiers albums ou ses morceaux classiques, on peut avoir envie de l’entendre sur un autre registre. Plusieurs raisons expliquent cet état de fait : le rappeur en question ne fera jamais mieux que ses propres couplets légendaires ; un sentiment de lassitude peut se mettre en place à force d’écouter des titres construits selon les mêmes codes, traitant des mêmes sujets ; la fraîcheur et l’énergie qui se dégageaient de ses performances ne sont plus les mêmes, malgré une philosophie inchangée.
Dans les deux cas, le risque de perdre des auditeurs en route est bien réel. Il existe bien entendu des orientations à mi-chemin entre ces deux extrêmes : on pense par exemple à Nessbeal, dont le dernier album est dans la continuité directe du reste de sa discographie, mais qui ne refuse pas l’ouverture à des rythmiques très actuelles (Zone Euro, Nuage qui passe, Encore), ou aux collaborations avec des artistes plus jeunes (ZKR, PLK, Landy, Zed).
Revenu aux affaires cette année avec un album franchement convaincant, Nessbeal n’avait publié aucun projet inédit depuis une pleine décennie. Du côté des auditeurs, les interrogations pleuvaient : en avait-il terminé pour de bon avec le rap ? Allait-il revenir un jour ? Cette absence de certitudes, associée à la nostalgie de ses premiers albums, a contribué à créer une véritable attente chez les fans de rap français.
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Si le risque de décevoir existe quand on est aussi attendu, il est toujours rassurant de préparer un projet en sachant qu’un certain nombre d’auditeurs sera présent à la sortie. Les mêmes questions ont pu se poser concernant des artistes moins exposés mais également attendus par leurs fans : on pense par exemple à Zek (anciennement Zekwe, lui-même anciennement Zekwe Ramos, qu’on appelait originellement Kevin Ramos), qui reprend progressivement le micro depuis deux ans, ou encore à Riski, dont un nouvel album devrait paraître en début d’année prochaine.
Dans des registres différents, les cas de Sadek et Niro illustrent également l’intérêt d’une absence médiatique. Le premier ne donnait plus du tout de nouvelles depuis quelques mois, si bien que certains auditeurs se demandaient s’il allait poursuivre sa carrière. Même chose pour Niro, très discret depuis son dernier projet, il a 18 mois. En pointant à nouveau le bout de son nez chez Colors, il a créé un petit évènement, et tout le monde a désormais des attentes pour son prochain album.
Niro, Rim’K, Nessbeal, Aketo, LIM ou Sadek : tous actifs ce mois-ci, ces tauliers du rap français restent des artistes productifs, que ce soit par pure passion de la musique, ou dans l’objectif de poursuivre des carrières musicales déjà riches. Dans leur rapport à la nouvelle génération de rappeurs, ils apportent autant en expérience qu’ils gagnent en fraîcheur. Ils invitent également leurs auditeurs à se poser les bonnes questions, à évoluer, ou, au contraire, à revenir vers les fondamentaux du rap.
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